Quand on pense au jardin de nos rêves, l’image du gazon anglais s’impose souvent : ce tapis vert, dense et uniforme, digne des plus beaux parcs. C’est une vision d’harmonie et de perfection qui, je l’avoue, me parle beaucoup. Comme beaucoup d’entre nous, je cherche à créer un extérieur qui soit un prolongement de notre intérieur : un cocon de bien-être, à la fois esthétique et accueillant pour toute la famille.
Pourtant, derrière cette image d’Épinal se cache une réalité bien moins idyllique. Avant de se lancer corps et âme dans ce projet, je me suis posé la question : ce gazon si parfait est-il vraiment compatible avec nos vies bien remplies, nos étés de plus en plus chauds et notre conscience écologique ? Après quelques recherches, j’ai compris que les inconvénients étaient loin d’être anecdotiques. Je vous partage ici mes découvertes, pour que vous puissiez faire un choix éclairé, en toute sérénité.
Un entretien chronophage qui ne pardonne rien
Le premier point, et non des moindres pour une maman freelance comme moi, c’est le temps. Le gazon anglais est exigeant, très exigeant. Il ne tolère pas l’à-peu-près. Pour conserver son aspect impeccable, il demande une routine d’entretien quasi militaire.
✂️ La tonte : elle doit être très fréquente, parfois deux fois par semaine au printemps, et toujours à une hauteur de coupe très précise (environ 3 à 5 cm). Oubliez la tonte rapide du samedi matin, on parle ici d’un véritable rituel.
💧 L’arrosage : il doit être régulier et maîtrisé pour éviter que le gazon ne jaunisse à la moindre sécheresse ou, à l’inverse, que les maladies ne s’installent.
🌱 La fertilisation et les soins : pour obtenir sa densité et sa couleur caractéristiques, il a besoin d’un programme de fertilisation strict, d’une scarification au moins une fois par an pour retirer le feutre, et d’un aération pour décompacter le sol.
En bref, c’est un engagement à plein temps. Un peu comme un troisième enfant qui réclamerait une attention constante.
Une soif insatiable : l’impact sur votre facture et la planète
À Bordeaux, nous connaissons bien les étés chauds et les restrictions d’eau qui peuvent les accompagner. C’est un point qui me préoccupe particulièrement. Le gazon anglais est composé de graminées (souvent des fétuques et des agrostides) qui sont très gourmandes en eau. Maintenir sa belle couleur verte pendant la saison estivale peut vite faire grimper la facture d’eau et semble de moins en moins raisonnable d’un point de vue écologique.
| Type de gazon | Besoins en eau | Résistance à la sécheresse |
|---|---|---|
| Gazon anglais | Élevés | Faible |
| Gazon rustique (mélange) | Modérés | Moyenne à bonne |
| Kikuyu (pour climat chaud) | Faibles une fois installé | Très élevée |
Ce tableau simple m’a beaucoup aidée à visualiser l’impact réel. Choisir un gazon anglais, c’est accepter une consommation d’eau importante, ce qui ne correspond pas vraiment à ma volonté d’avoir un jardin plus durable.
Une fragilité déconcertante face au climat et au quotidien
Ce qui m’a le plus surprise, c’est sa fragilité. On l’imagine robuste, mais il est en réalité assez sensible.
Il supporte mal le piétinement intense. Pour une famille avec des enfants qui aiment courir, jouer au ballon et installer une petite cabane, cela devient vite un casse-tête. On passe son temps à leur dire « attention à la pelouse ! », ce qui est tout le contraire de l’espace de liberté que je souhaite leur offrir.
De plus, il est peu adapté aux fortes chaleurs et à la sécheresse. Il jaunit rapidement et peut même disparaître par plaques si l’été est rude, laissant place aux mauvaises herbes. Il est également plus sensible à certaines maladies cryptogamiques (champignons) comme le fil rouge ou la fusariose, qui demandent des traitements spécifiques. Bref c’est l’inverse d’un jardin sec, mais cela vous deviez déjà le savoir 😊.
Le coût caché d’un gazon parfait
En tant que consultante, j’ai l’habitude de regarder au-delà des apparences et de calculer le retour sur investissement. Pour le gazon anglais, l’addition peut vite devenir salée. Au-delà du prix des semences, il faut budgétiser :
- les engrais spécifiques à libération lente
- les produits de traitement (anti-mousse, anti-maladies)
- la facture d’eau
- l’achat ou la location de matériel adapté (scarificateur, aérateur)
Ce n’est donc pas un choix économique sur le long terme, surtout si l’on recherche, comme moi, le meilleur rapport qualité-prix et durabilité.


Alors, on renonce au rêve d’un beau jardin ? loin de là !
Découvrir ces inconvénients a été une bonne chose. Cela m’a permis de revoir mes priorités et de chercher des alternatives qui correspondent mieux à notre style de vie et à nos valeurs. Car non, renoncer au gazon anglais ne signifie pas renoncer à un extérieur vert et harmonieux !
Il existe de magnifiques solutions, bien plus faciles à vivre.
| Alternative | Avantages | Idéal pour… |
|---|---|---|
| Le gazon rustique | Tolérant au piétinement, résistant à la sécheresse, entretien réduit. | Les jardins familiaux, les aires de jeux. |
| Le gazon à base de fétuque élevée | Système racinaire profond, très résistant au sec et à la chaleur. | Les jardins exposés plein sud, les régions chaudes. |
| Le Zoysia ou le Kikuyu | Extrêmement résistants à la chaleur, entretien minimal en été. | Les climats méditerranéens ou du sud-ouest. |
| Les couvre-sols (trèfle, thym serpolet) | Pas de tonte, favorise la biodiversité, reste vert sans arrosage. | Créer des zones fleuries, naturelles et sans entretien. |
Personnellement, l’idée d’un gazon rustique complété par des zones de couvre-sols fleuris me séduit de plus en plus. C’est une approche qui allie l’esthétique, la praticité pour les enfants et le respect de l’environnement.
Le gazon anglais reste une option magnifique pour ceux qui ont le temps et la passion du jardinage à l’anglaise. Mais pour ma part, j’ai compris que le jardin parfait n’est pas celui des magazines. Le plus beau jardin est celui qui vous ressemble et dans lequel vous vous sentez bien, en famille, sans que cela devienne une contrainte.
